Cette vidéo fait partie de ma recherche sur la maladie causée par un champignon aux arbres du genre Platanes. Les Platanes, appartenant à la famille des Platanaceae, comprennent une dizaine d’espèces, le Platane commun étant largement connu en France pour orner places et rues. Quand je suis arrivée à Avignon en octobre 2020, en pleine pandémie de Covid-19, les restrictions sanitaires empêchaient de sortir de chez soi. Avec le temps, à mesure que les mesures se sont assouplies, j’ai pu apprécier le paysage local. Les Platanes sont des arbres emblématiques, opulents et qui offrent une ombre incomparable. Cependant, au fil du temps, j’ai remarqué que plusieurs arbres dans la rue à côté de ma résidence étaient desséchés et coupés. Cette observation se répétait dans plusieurs rues, places et sur l’île de Barthelasse.
Possiblement en raison de la pandémie mondiale, la corrélation que j’ai établie entre la maladie des Platanes et la maladie de l’humanité a été immédiate. En creusant davantage, j’ai obtenu des informations précieuses. La contamination des Platanes a débuté à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec l’arrivée en France de caisses en bois en provenance. Depuis 1945, des champignons américains attaquent les Platanes français, entraînant la coupe de dizaines de rangées d’arbres, une mesure nécessaire pour contenir l’épidémie.
J’ai interrogé un ingénieur forestier français sur la possibilité qu’un fongicide sauve les arbres à long terme, j’ai reçu une réponse franche. Il a affirmé que le destin du Platane commun français est inévitablement l’extinction, car il n’était pas envisageable d’utiliser un fongicide qui polluerait le sol, les nappes phréatiques et nuiraient à d’autres plantes ou arbres. L’ingénieur a également précisé que le champignon n’affecte pas directement les êtres humains, mais si nous touchons un arbre malade puis un arbre sain, nous devenons des vecteurs de transmission du champignon. Pour cette raison, lors de la coupe d’un Platane, il est nécessaire de manipuler le bois avec une protection adéquate.Face à toutes ces informations, mon empathie pour ces arbres géants, qui peuvent atteindre 25 à 55 mètres de hauteur, a considérablement augmenté. Heureusement, il existe l’espèce américaine, résistante à ce champignon qui va remplacer, petit à petit,les platanes endémiques. Cette solution nous console, malgré la perspective l’espèce française.
La coupe de ces arbres a eu lieu le 2 juin 2023, pendant ma promenade matinale. Je n’ai pas pu me retenir et j’ai été chercher ma caméra pour enregistrer tout le déroulement de l’action des jardiniers. Juste après avoir capturé les images des jardiniers coupant les troncs, j’ai réalisé mon intervention urbaine « Remémoration » sur un tronc de l’avenue Limbert, Avignon – France. J’ai suivi toutes les observations faites par l’ingénieur forestier, j’ai agi avec tout le soin nécessaire afin de ne contaminer aucun Platane sain.
Le paysage qui nous entoure est synonyme de ces morceaux de souvenirs du quotidien. L’esprit vagabonde souvent sans se rendre compte que chaque bâtiment, chaque arbre est le témoin silencieux d’événements qui ne reviendront jamais. Les arbres sont des monuments vivants dont la magnificence nous renvoie à notre petitesse. Au Brésil, mon pays d’origine, la plus grande forêt tropicale du monde, « l’Amazonie » est malheureusement en danger à cause de la cupidité des grands propriétaires terriens. Son espérance de vie a été diminuée, son opulence agressivement bridée. La déforestation avance de manière écrasante sans que rien ne vienne inquiéter ses acteurs. Il ne reste plus que des sentiers et des troncs perdus dans des champs dévastés. La réparation de ces destructions ne se fera pas sans dénonciations, actes et luttes.