Larmes de coton -2022

Pourquoi pleurons-nous ? Pourquoi des larmes apparaissent-elles soudainement ? À quoi servent-elles ?

Les fonctions de lubrification et de maintien de la santé oculaire ne sont que des objectifs biologiques, une explication plausible à leur existence. Je crois, moi, qu’elles existent pour épancher nos émotions, nos sentiments, pour nous soulager des coups reçus et des bosses qui en résultent, pour montrer notre joie ou notre chagrin.

Les larmes coulent sans nous étouffer. Qu’elles soient de douleur, de tristesse ou de joie, les larmes roulent sur nos joues ; certaines s’évaporent, se sèchent, d’autres sont aspirées, avalées, englouties.

Larmes de coton est une ode à ces sentiments, à ces douleurs présentes ou passées, à la résilience et au souvenir. Le souvenir de mes frères de couleur qui, lorsque esclaves, étaient considérés comme des outils. Le souvenir du travail forcé sur les plantations de café ou de coton. Ces souvenirs qui me mettent en état d’alerte profonde et que la société éprouve de la difficulté à voir, à reconnaître. Larmes de coton dit, rappelle, montre l’invisibilité des douleurs que tous les vulnérables, méprisés, écartés, oubliés, continuent de vivre et qui exigent un combat quotidien.

Ces larmes de coton sont éternelles ; elles ne sont plus transparentes, elles sont blanches ; elles ne s’évaporent plus, elles nous gardent conscients.

Je voudrais que tous les humains pensent à ces larmes de coton pour qu’au moindre symptôme, ils puissent faire face à leurs douleurs et les étreindre afin de s’y reconnaître, de s’y retrouver, de se souvenir et de surmonter leur souffrance. Tout serait différent ! La douceur et la délicatesse du coton  apporteraient la résilience et la réparation, donneraient de l’espace à la vie.

Alors, plus rien ne serait vain, de nos souffrances nous ferions des armes, de nos joies le pilier de nos vies, les vulnérables ne seraient plus oublié. L’harmonie de ces larmes de coton serait le décor de nos vies.